eG8 ou le bal des convenus

J’en fais parfois, mais les billets d’humeurs sont quand même assez rares sur mon blog (déjà que je poste très aléatoirement !), mais en ce moment, ça me titille sérieusement.

En effet, le eG8 vient de se finir, et je ne peux que donner raison à Éric Besson, c’était plus un Economic-G8 qu’un Electronic-G8… Je n’ai pas spécialement suivi les débats, étant occupé à d’autres activités plus professionnelles et accessoirement rémunératrices, cependant à lire les commentaires, à entendre les remarques, une constante ressort. On le sait bien, le eG8 est un prétexte publicitaire pour la majorité afin de montrer qu’elle s’occupe réellement d’Internet, après l’avoir largement dénigré et mis au placard. Je ne suis pas dupe du fonctionnement de ce « sommet », on devient sponsor (de 100 000 à 500 000 €, chiffre lu sur Numérama si je me souviens bien), et on monte sur scène pour parler du sujet à la mode. Exit donc la CNIL, la société civile et les jeunes entrepreneurs. Le principe est criticable, je le trouve même scandaleux, mais ce n’est pas le point le plus remarquable. Non, pour moi, ce qui ressort de ce eG8 c’est la méthode politicienne d’avancer sur le sujet d’Internet, sujet qui les dépasse complètement. Cette méthode est toujours la même, je ne vise aucun coté en particulier.

Cette méthode se résume en quelques points. J’invite les gros, les très gros, le plus possible, des acteurs supposés du net, et on discute avec eux. Pour le eG8, c’était comment civiliser le Net, alors forcément, on appelle les cultureux (Pascal Nègre et consorts) pour savoir quelle solutions prendre. C’est un peu comme demander à un fabriquant d’extincteurs quelles solutions on peut mettre en place pour diminuer les incendies. La réponse est évidente… Pour les extincteurs, comme pour les industriels du divertissement. On tourne évidemment en rond, et aucune solution ne peut en sortir (je ne parle pas de mots, mais de vraies solutions aux vrais problèmes).

Ils serait bon d’arrêter les idioties. Quand on veut connaître comment améliorer la création d’entreprises sur le net, on n’invite pas les gros du secteurs ! Le seul intérêt de ces gros, c’est que les nouveaux ne viennent pas sur leurs platebandes. On ne demande pas à une entreprise ayant un intérêt dans la chose la marche à suivre.

Internet n’est pas un média, ce n’est pas un produit et ce n’est pas un endroit. Par conséquent, on ne travaille pas sur le sujet de la même manière que pour la presse, pour une salle de spectacle ou un média à réguler. Si je pouvais donner un conseil à nos dirigeants pour essayer de comprendre Internet, c’est tout d’abord de ne pas faire de parallèle. Autoroutes de l’information, exit. Internet c’est quelque chose qui n’a pas de formes, pas d’équivalent. Et la forme, ou plutôt les formes que prend Internet est directement en relation avec les usages qui en sont fait. Ces usages sont importants, car c’est par les usages qu’il évolue, et c’est également par ces usages que les nouvelles générations pensent et construisent leur monde. En cela, les mots de Jérémie Zimmerman lors de son intervention au eG8 est parfaite. Pour la nouvelle génération, l’action de lecture/visionnage/consultation n’est pas dissociée de l’action de copie. Et que de demander quoi faire, comment faire au dirigeant d’une maison de disques est pour le moins cocasse à un forum dédié à Internet. Je ne parlerai pas de l’anachronisme d’offrir un CD audio aux invités…

Pour connaître quelles sont les attentes des vrais entrepreneurs du net (non, Orange n’en est pas un, sa présence dans l’Internet s’est faite à reculons), il faut dialoguer avec les entrepreneurs qui ont des problèmes, qui cherchent à créer quelquechose, pas les mastodontes établis ! Les problèmes et souhaits d’Orange, d’eBay, de Facebook ou d’Alcatel sont complètement dissociés  des problèmes rencontrés par les vrais créateurs, les TPE/PME qui cherchent à innover, par idéologie, par motivation et aussi par survie.